Je croyais que vieillir me rendait bien maussade,
Craignant chaque saison, les années, le tapage,
Le grand vent et la pluie, l'esprit qui se dégrade,
Les cheveux clairsemés, les rides du visage.
Et puis je m'apercois* que vieillir n'a pas d'âge,
Qu' il ne faut point gémir, au contraire chanter.
Et même, à petits pas, les jours ont l'avantage
D'être beaux et trop courts quant il sont limités.
Je croyais que vieillir c'était le ciel tous gris,
Le printemps sans les fleurs, les lèvres sans sourire,
Les fleurs sans chansons, les arbres rabougir,
Un livre sans histoire, un crayon sans écrire.
Et puis je m'aperçois que vieilir rendre bien sage,
Que je vis chaque instant sans penser à demain,
Que je ne compte plus les anneés de mon âge,
Peu importe le temps, le crayon à la main.
Je croyais que vieillir transformerait mon âme,
Que je ne saurais plus contempler les étoiles
Que mon coeur endurci n'aurait plus cette flamme,
Qui transforme ma vie lorsque le ciel se voile.
Et puis je m'aperçois que les plus belles roses
Fleurissent à l'automne et sous mes yeux ravis,
Je respire très fort ce doux parfum que j'ose
Garder pour embaumer l'automne de ma vie.